Nous avons entrepris de faire passer de belles vacances à Isaline grâce à la précieuse affection que nous portent des familles alliées rompues aux dispositifs familiaux en tous genres. Après avoir enquillé 600 kilomètres jusqu’en Dordogne et passé une semaine à observer quelques contemporains avec amusement et perspicacité dans des paysages façonnés de main de maître par des botanistes reconnus, Isaline a poussé jusqu’en Charente où elle aura même fait la visite de chais de cognac de renom. Ernest a profité de la part des anges et ricanait gentiment, et Aymeric s’est enchanté du petit train électrique qui fait le tour des grands bâtiments.
L’itinéraire retour jusqu’à Genève était cependant un peu gros à avaler, et ce, même pour son petit frère; nous l’avons fait en deux coups avec une nuit vers Issoire au Sud de Clermont Ferrand. Premier aligot saucisse à la tomme filandreuse mixé, et première nuit d’hôtel en pleine cambrousse pour notre smala au complet.
En ce matin d’Assomption, je me suis rendu compte qu’Isaline savait à présent donner des vrais baisers. Elle ne précipite plus son menton ou ses dents sur les joues, mais applique délicatement son nez, puis, basculant un peu en arrière, fait contact avec ses lèvres et fait retentir un petit bruissement d’aspiration. Cela n’a l’air de rien, mais c’est mieux qu’un sourire, parce qu’en décomposant chaque faculté motrice nécessaire à la réalisation d’un tel acte, j’ai réalisé qu’Isaline faisait véritablement des progrès. Tout est dans le dosage; Isaline saccade moins et maîtrise à présent l’inertie et l’élan de son tronc tout en pensant à faire autre chose avec ses muscles de l’intérieur de la bouche. J’en suis resté tout attendri, et je me prends à rêver que l’ascension peut continuer de plus belle pour d’autres prouesses coordonnées, et d’autres progrès repérables.
Tes baisers sont des cadeaux, mon Isaline chérie.
Comments