Le cours de natation s’est révélé être en fait un cours d’ergothérapie en flottaison. Isaline a pu s’employer à ne pas trop boire la tasse en cherchant des postures typiques et en battant des pieds et des mains. Le progrès le plus notable fut une dissociation assez efficace du mouvement des bras dans le mouvement du dos-crawlé. En revanche, elle cherche toujours à rassembler ses pieds sous elle comme si elle était debout et n’a pas trop d’intérêt à se maintenir de tout son long au fil de l’eau pour l’instant.
Mais prendre trois heures de bain forcé en vacances n’est pas non plus une punition, elle s’en rajoutait un peu avec ses frères dans les vagues de l’eau salée, et ça la faisait franchement rigoler.
Elle avait aussi une heure de marche avec un appareil qui lui actionnait les membres inférieurs dans l’axe, avec pieds et genoux contraints dans une position rectiligne afin de la guider dans la démarche du « marcher tout droit », ce qui est toujours un défi parce qu’elle ballade ses jambes dans toute la latitude de largeur que ses hanches peuvent lui offrir et quand on se tient derrière elle en la soutenant pour la faire progresser, il est assez fréquent de butter sur ses pieds trop excentrés parce qu’elle aura testé d’écarter un peu son genou en progressant.
De retour à Genève on la place de plus en plus dans un rollator qui associe la stabilité de la locomotion et la position debout, c’est la meilleure symbiose entre son standing et le rifton, et l’immense avantage c’est qu’elle est complètement libre de ses mains pour faire des trucs. Pour l’instant c’est surtout des cookies parce qu’on mélange plein de trucs qui collent aux doigts et ça permet aussi de s’en mettre plein les cheveux, mais on va tester de la peinture ou des jeux avec des ballons aussi.
On a confectionné aussi un cache sur son i-pad, un plexiglas transparent avec juste un petit trou pour un doigt pour toucher exactement, et une seule fois, l’élement affiché qui peut être un souhait ou une réponse à une question, ce qui permet à Isaline d’être précise et de vivre dans un univers un peu moins désorganisé, parce que souvent même si elle savait où elle voulait taper elle ripait sur autre chose et de bonne grâce elle s’accommodait de la réponse que la machine avait donnée même si ce n’était pas celle qu’elle-même avait l’intention de donner. Maintenant c’est plus clair, et on se sent moins hésitants et moins inquisiteur en demandant de valider le choix une seconde fois pour vérifier qu’on a bien compris.
Par chance son institutrice, son ergothérapeute et sa logopédiste du centre QAP sont encore par ici en ces temps de trêve estivale, alors Isaline continue quelques séances d’apprentissage, mais le rythme est vraiment tombé; vacances, soirées un peu plus longues, et réveils tranquilles. On a décidé de ne pas se réadapter au décalage horaire d’une heure qu’on avait à Lanzarote, alors on est passé en mode social avec déjeuner à 13h, et dîner à 19h30, ce qui est une innovation.
L’été a bien commencé, Isaline chérie
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