Belle quinzaine pour Isaline qui s’extirpe des gazouillis pour énoncer des phonèmes un peu plus proches de ceux qu’on peut interpréter avec un alphabet. L’apparition du « i » est flagrante, elle a compris comment varier la position de sa langue et de ses lèvres pour varier la résonance et sortir sa deuxième voyelle après le « a » de façon commandée.
Elle a aussi attrapé dans son bain une bouteille de shampoing en faisant une pince avec son pouce d’un côté et quatre doigts tendus de l’autre. Ça n’a l’air de rien, mais c’est une belle organisation.
À cheval, elle est moins bringuebalée comme un sac de patate en montant à cru, elle tient sa tête et participe en tapant des talons sur les flancs du cheval pour le faire partir au trot. Sur la neige, elle fait des petits tas et les porte à la bouche, ce qui ne lui plait pas trop (la photo est plutôt explicite !)
Dans 3 jours, nous avons une échéance importante avec les gastroentérologues; après avoir consulté par écrit les logopédistes et informé ses thérapeutes sur l’éventualité d’enlever sa sonde, les avis des spécialistes indiquent qu’Isaline serait capable de le supporter. Cet outil est à présent moins une sécurité qu’une gêne pour nos yeux de parents, et si le concert médical est unanime et partisan, nous procéderons. C’est ce que nous désirons, mais la santé d’Isaline passe avant nos souhaits, et nous écouterons attentivement les raisons qui empêcheraient d’enlever le dispositif en les acceptant.
Il y a des courtes phrases qui font plaisir. Quand, la voyant marcher soutenue, une kinésithérapeute s’est exclamée « elle a les pieds qui obéissent », on a pu toucher de façon tangible des avancées. Je discutais la semaine dernière avec une amie dont la mère est frappée par Alzheimer; elle me disait : « ce qui m’attriste, c’est qu’aujourd’hui est mille fois mieux que demain ».
Dans cet immense combat, notre chance, Sabine et moi, est que le temps est un allié, et qu’Isaline progresse. On ne s’en rend pas autant compte que les intervenants auprès d’elle qui la voient de façon régulière, mais à intervalles espacés, mais on les croit.
Il reste tant de chemin à parcourir… mais on est en route.
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