Vendredi 15 novembre

Quelques progrès et grandes premières à signifier cette quinzaine !

Isaline a réussi a claquer la langue de trois façons différentes. D’abord en s’aidant un peu avec ses doigts dans la bouche, sous la langue, elle a imité la succion d’un biberon à vide, et elle s’est étonnée que cela fasse le bruit qu’on lui demande instamment d’imiter depuis longtemps. C’est le même bruit qu’on produit quand on exprime la négative en disant non de la tête. Et puis à force d’expérimentation personnelle, elle a fini par ne poser que le bout de sa langue sur le palais et tirer par le bas pour faire un bruit très grave de goutte d’eau qui tombe de très haut. C’était plus fort et elle a ri. Et sans doute par un raté involontaire, toujours avec un doigt dans la bouche, elle a fait le même bruit que les enfants qui appellent des chevaux dans les champs, avec une carotte à bout de bras, en faisant entrer l’air à l’arrière de la bouche et en décalant le côté de la langue.

Sabine et moi sommes contents parce que c’est toute cette zone qu’il faut à tout prix rendre plus agile et plus malléable pour lui permettre de boire naturellement sans faire de fausse route, et c’est in fine quand elle sera confiante et indépendante pour boire qu’on pourra se passer de sa gastrostomie, et un jour, lui enlever. Mais pour l’instant, on est encore très dépendants de ce dispositif. Aymeric, qui claque la langue au milieu de la nuit quand il a soif, trouve un écho à ses facéties, et Ernest a déjà franchi le cap, il siffle devant elle en inspirant pour qu’elle l’imite.

Isaline fait aussi « grrrrr ». Elle imite les petits lions avec la tête en arrière. C’est une zone clé du maintien de la tête et on ne provoque ce phonème qu’avec une belle coordination volontaire abdominaux-poumons-gorge. C’est là aussi une étape importante dans la commande vocale.

Aussi, à présent, Isaline passe toute seule de la station allongée pour se retrouver assise avec une jambe tendue devant elle et une jambe repliée derrière. Ce n’est pas bien stable, et les mains sont encore incertaines pour trouver un appui au sol et stabiliser, mais à chaque fois que son buste se redresse, on découvre sa frimousse souriante et ses yeux vainqueurs.

Et puisque chaque jour ne suffit pas sa peine, et qu’il est impérieux de favoriser son retour à ses facultés, on la harnache dans un « standing » que Opa lui a acheté et elle redevient bipède par la force des choses. Elle accepte très bien d’être à hauteur de regard, elle aime bien tripoter des objets en contrebas et faire rouler des balles sur un plateau sans avoir à lever les bras, ils sont juste posés en dessous d’elle et elle penche la tête pour contrôler ce qu’elle fait.

Sur tes pieds « presque » toute seule, Isaline chérie